Mon fils de 4 ans est daltonien, comme l’était mon grand-père (mais j’étais la seule de la famille au courant. Il m’avait un jour révélé devant la bande de couleurs pastel décorant sa caravane que pour lui tout était gris...).
On l’a compris très tôt, vers ses 2 ans, car il parle beaucoup et nomme très souvent les couleurs. Il me disait devant mon visage rougi par le froid que j’avais le nez "tout vert !" Et quand il rangeait ses petites voitures par couleur, il mettait les violettes avec les bleues et piquait une crise si ses sœurs lui faisaient une remarque. Sa couleur préférée, en feutres et en peinture, c’était le noir.
C’est grâce au test de votre site que j’ai eu la confirmation. J’en ai parlé à sa maîtresse de première année de maternelle, qui d’abord ne savait pas ce qu’était le daltonisme, puis ne m’a pas crue ("il reconnaît bien le feutre rouge du vert"), puis après confirmation officielle du médecin scolaire à la visite annuelle, a dit que ça n’avait pas d’importance à la maternelle.
Sauf que cette année, les consignes de travail sont parfois du style : "colorie en rouge les petits arbres, en vert les moyens et en rouge les grands" ou "colorie l’habit de l’ours en bleu (et l’ours se retrouve en violet mélangé au bleu), ou "colle des gommettes en alternant rose et jaune pâle..." J’ai averti les deux maîtresses (elles sont à mi-temps" et l’aide-maternelle, mais elles ont d’abord oublié, puis elles me redisent : "mais il connaît toutes les couleurs des feutres !". Les feutres, oui, mais les pastels, non, et la peinture si elle est très diluée, non...
Et en mangeant sa sucette rose hier : "tu as vu maman avant elle était rose maintenant elle est vert clair !" Et il aime beaucoup mes pâtes à la bolognaise... vertes.
Il est passé par une phase de déni : "non je ne suis pas daltonien", et maintenant qu’il a réalisé qu’il ne voit pas comme nous, c’est un sentiment d’injustice : "et pourquoi les filles (ses sœurs) sont pas daltoniennes, elles ?". Pourtant on fait tout pour ne pas rire ou gronder quand il annonce une couleur bizarre.
Je reste sur l’impression que tout ça n’est pas grave mais qu’il faudra beaucoup avertir, adapter, commenter les futurs schémas scolaires, et qu’il finira comme tous les daltoniens que je connais par ne plus jamais parler de couleurs. Alors qu’il adore les livres qui parlent de couleurs, il adore peindre, dessiner ! Et plus tard, beaucoup de métiers sont quand même fermés...